Au rythme des cadavres de bière, les cigarettes se succèdent dans ton cendrier pour ne former qu’un méprisable tas de cendres. Vulgaire résidus de combustion à l’image de ton coeur, calciné par un amour trop ardent. Une montagne d’insignifiantes poussières à l’image de ton existence, incendiée par cette constante consternation que le bonheur sans cesse se consume. Une combustion fulgurante carbonisant les plaisirs, réduisant l’amour, l’argent, le sexe en poussières. Elle t’aura eu cette pyromane de vie.
Elle t’aura eu cette pyromane de vie.
Tes lèvres flirtent dangereusement avec le goulot, menaçant de flinguer une bouteille d’une traite cinglante, lorsque te reviennent ces paroles, comme les réminiscences d’un mantra d’autrefois. Never let another girl like you work me over. Tu discernes au loin le refrain véhément d’un amour-propre sacrifié sur l’autel de l’Amour avec un grand A. Never let another girl like you drag me under. Les riffs rebondissants d’un air synth pop désormais familier t’enlacent et c’est avec fougue que tu te mets à danser le mambo sur une mélodie inaudible. Ain’t nothin’ gonna break my stride. Nobody gonna slow me down. I got to keep on movin’. Dans tes entrailles valse la certitude que le monde est à tes pieds. Tu te sens la vaillance des rois. I’m running and I won’t touch ground.
Voilà à quoi devrait ressembler ta vie, à un hit de 1983.

1983. Matthew Wilder, signé en 1981 chez Artists Records, enchaîne les maquettes comme certains enchaînaient les rails de coke. Aucune d’entre elles n’arrachera au directeur de label, Clive Davis, mieux qu’un sourcillement dubitatif, condamnant Matthew à errer dans les limbes des étoiles qui ne brilleront jamais, cimetière de chansons avortées, royaume des producteurs mercenaires. De cette frustration nait Break My Stride : un morceau enjoué aux accents reggae, glorifiant le new wave pop à chaque coup de synthétiseur et dont le texte accrocheur dépeint une relation ratée avec une mystérieuse femme que Matthew laisse derrière. Rien d’autre qu’une allégorie de sa relation avec Davis. Ce dernier juge la chanson « interesting but not a hit ». C’est finalement Private I Records qui signera Matthew Wilder, dont le hit se hissera jusqu’au top 5 aux Etats-Unis comme au Royaume-unis.
Voilà à quoi
devrait ressembler ta vie, à un hit de 1983.
A cette ivresse de la vie fraîchement retrouvée, tu rêves de porter un toast. Du haut de ton vertigineux piédestal fraîchement restitué, tu te souviens alors que tu mérites mieux qu’une bière insipide à un euro.
Pour toi, pour Matthew, pour tous les losers aux rêves d’or qui se relèvent toujours après la chute, voici le Break My Stride Cocktail. Un cocktail aux saveurs exotiques, où la douceur de l’ananas embrasse la fougue du rhum afin de dissiper l’amertume des échecs. Un nectar alcoolisé, mêlant l’arrogance du désespoir à l’impertinence de l’ambition, une ode aux relations déchues, avec un ancien amant ou un boss.
recette
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Rhum blanc
Rhum brun
Concentré de citrons verts
2 Citrons verts
3 fruits de la passion
200 g de sucre blanc
2 oranges
Jus d’ananas
50 g Acai congelé -
3 fruits de la passion
200 g de sucre blanc
20 cl d’eau• Ajouter l’eau et le sucre dans une casserole
• Porter la douce mixture sucrée à ébullition
• Ajouter la chair des fruits de la passion
• Faire bouillir pendant 10 minutes
• Laisser refroidir le sirop
• Filtrer les pépins -
2 oranges
1 tombée de jus d’ananas
50 g Acai congelé
• Presser l’orange
• Mélanger le jus d’ananas et le jus d’orange
• Mixer le tout avec l’açai -
4 cl rhum blanc
2 cl rhum brun
2 cl concentré de citrons verts
2 cl jus de citrons verts fraîchement pressé
2 cl sirop aux fruits la passion
Wilder Mix
• Ajouter le rhum blanc, le rhum brun, le concentré de citrons verts, le jus citrons verts fraîchement pressé, le sirop aux fruits la passion dans un shaker
• Secouer le shaker
• Verser le nectar dans un verre muni de glaçons
• Remplir le verre du Wilder Mix
A consommer avec modération mais avant tout avec l’air des invaincus. Une ode aux relations déchues. Un toast de l’ivresse de la vie.
WRITTEN BY EVA
TRANSLATED BY ELIZABETH